Alors que Toulon et Toulouse se préparent à s’affronter ce dimanche en quart de finale de la Champions Cup, les souvenirs affluent pour les amateurs de rugby français. Retour en arrière, le 27 mai 1989, au Parc des Princes, lorsque ces deux équipes emblématiques se sont affrontées en finale du championnat de France. Ce jour-là, une rencontre inoubliable s’est jouée, marquée par un essai exceptionnel de Denis Charvet pour Toulouse, et par un départ de match record signé Serge Laïrle.
Le match a débuté sur un rythme tendu, les deux équipes étant à égalité 9-9 en première période. Puis, à la 32e minute, tout a basculé. Toulouse obtient une pénalité dans ses 22 mètres. Là où beaucoup auraient temporisé, les Toulousains ont saisi l’occasion. Philippe Rougé-Thomas joue rapidement, transmet à Jean-Michel Cigagna, qui trouve ensuite Didier Codorniou, surnommé le “roi de la passe”. Codorniou perturbe la défense varoise et attire son vis-à-vis. C’est alors que Charvet surgit, capte la passe, perce la défense et sprinte sur 75 mètres pour inscrire un essai d’anthologie. La transformation de Dupuy donne à Toulouse un avantage de 15-9.
Mais si l’essai de Charvet est resté dans les mémoires, il ne fut pas le seul moment fort du match. Dès les premières secondes, Toulouse a imposé son rythme. Après seulement 57 secondes, le pilier Serge Laïrle inscrit l’essai le plus rapide jamais marqué en finale du championnat. L’action démarre avec Cigagna qui récupère un ballon dans un maul toulonnais et enclenche une contre-attaque éclair. Dans son livre Ombres noires et soleils rouges, Lucien Remplon raconte cette séquence avec force détails : Laïrle surgit sur l’aile, transmet à Maset, qui malgré un plaquage, réussit à libérer pour Cazalbou. Le jeune demi de mêlée, bien qu’attrapé par les épaules, redonne à Laïrle en bout de ligne. Essai splendide !
Grâce à ces deux éclairs de génie, Toulouse ne lâchera plus les commandes du match. L’équipe impose sa domination au Parc des Princes et conclut la rencontre avec une victoire 18 à 12. Un succès qui leur permet de décrocher leur dixième Bouclier de Brennus, ajoutant une nouvelle page à leur légende.
Plus de trois décennies plus tard, cette finale de 1989 résonne toujours comme un moment d’exception dans l’histoire du rugby français. Pas seulement pour le score, mais pour l’audace, l’instinct et l’intensité que les Toulousains ont su déployer. Un match qui dépasse le simple cadre sportif, et qui continue d’inspirer tous ceux qui aiment ce jeu.